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Entretien/Kakpotia Marie-Claire Moraldo: « L’excision ne doit pas avoir le dernier mot sur la vie des victimes »

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Aujourd’hui dans certaines régions de Côte d’Ivoire il est encore de tradition d’exciser des jeunes filles, parfois des petites filles. Pourtant, de nombreuses études médicales et associations déconseillent fortement ces pratiques jugées dangereuses. Pour la journée internationale contre les mutilations génitale féminine en Côte d’Ivoire nous nous sommes donc intéressés à une association ivoirienne qui vient en aide aux femmes sur qui la pratique a été faite. Focus sur “Les Orchidées rouges ». Une association pour l’éradication des mutilations sexuelles féminines, du mariage forcé, et de toutes les formes de violences faites aux femmes et aux jeunes filles dès leur très jeune âge. Entretien.

 

Quel est l’état des lieux de la mutilation génitale féminine en Côte d’Ivoire et est-ce que vous avez des chiffres ?

Malheureusement non. Les chiffres en Côte d’Ivoire n’ont pas été mis à jour depuis 2012 où le taux d’excision était à 36%.

 

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Y a-t-il des zones en Côte d’Ivoire qui sont plus touchées par la pratique de la mutilation génitale ?

 

C’est une pratique qui est énormément répandue dans le Nord de la Côte d’Ivoire surtout dans la région de Korhogo, mais partout dans le monde également, dans toute l’Afrique, en Amérique du Sud comme dans les pays du Caucase. Donc c’est quelque chose qui est malheureusement répandue.

 

Vous êtes responsable d’une organisation dénommée ‘’Les Orchidées rouges’’. Comment l’avez-vous créé et à quel but ?

 

J’ai créé  »Les Orchidées rouges » toute seule. Je n’avais pas le choix de toute façon puisque j’ai moi-même subi une mutilation sexuelle à l’âge de 9 ans en Côte d’Ivoire. J’ai grandi à Ferkessédougou au Nord de la Côte d’Ivoire et c’est lors de vacances scolaires à

Korhogo que j’ai été excisée. Cela a par la  suite eu des conséquences sur ma vie de femme adulte. Notamment sur ma confiance en moi. Je me disais que je n’étais pas une femme à part entière. J’ai ainsi décidé de me reconstruire. C’est quand j’ai réalisé que là où je vis dans le sud de la France il n’y avait aucune structure ou association de lutte contre cette forme de violences que j’ai décidé de créer la mienne. Je ne pouvais pas rester sans rien faire.

 

En quoi consiste concrètement vos actions sur le terrain dans la lutte contre l’excision et aux autres mutilations sexuelles ?

 

J’ai toujours voulu militer activement et apporter ma contribution contre les mutilations génitales. La raison, je ne désire plus que cela arrive aux petites filles. Mon action consiste à apporter des solutions concrètes de reconstruction psychologique tout d’abord. J’accompagne et je renseigne les femmes mutilées en leur disant que ce n’est pas fini. Je leur fais comprendre que leur vie n’est pas finie malgré l’excision et la honte qui en suit. Je travaille et je dirige les femmes vers des médecins, des psychologues, des assistantes sociales et des chirurgiens esthétiques. L’excision ne doit pas avoir le dernier mot sur leurs vies. Cela nous a valu une reconnaissance auprès de l’ONU qui nous a octroyé le statut consultatif spécial auprès de son conseil économique et social en 2021. C’est pour dire qu’on peut changer les choses.

 

Quels sont les premiers besoins des victimes des mutilations sexuelles qui viennent à vous ?

Les premiers besoins sont l’accès à l’éducation pour les filles, surtout les petites filles pour qu’elles deviennent maîtresses de leurs vies.

 

 Bénéficiez-vous du soutien de l’Etat dans vos actions ?

En France on a une belle reconnaissance et le soutien de certains organismes, mais en Côte d’Ivoire malheureusement aucun représentant de l’Etat n’est venu à l’inauguration de l’association. Nous n’avons pas encore de soutien des autorités.

 

 L’excision est une pratique culturelle qui existe dans certaines sociétés africaines. Est-ce facile de les faire abandonner ?

Non ce n’est pas facile du tout. Mais nous restons confiants, car nous sommes convaincus que les traditions vont évoluer avec le temps. Il y a des choses avant qu’on estimait bien, mais qu’on ne fait plus aujourd’hui. Même nous on met en place des choses aujourd’hui qui seront remplacées par des nouvelles traditions demain. Aujourd’hui quand des petits garçons me disent “Madame l’excision, c’est bien les femmes doivent être excisé sinon elles seront excités”, ce sont des choses qu’ils entendent à la maison, mais qu’il faut leur enlever de la tête. C’est tout mon travail de leur expliquer que l’excision fait du mal aux femmes. C’est un travail loin d’être facile.

 

Quel bilan faites-vous de vos actions, y a-t-il un changement des mentalités que vous constatez sur le terrain ?

L’éradication de l’excision se fait en plusieurs étapes dont l’information, la sensibilisation, et la guérison. J’observe qu’il y a une envie de changer des choses surtout chez les femmes. Quand je leur dis qu’il ne faut pas chercher un mari riche, mais avoir l’ambition d’être chef d’entreprises toutes les filles approuvent à travers des cris dans la salle. Donc oui les générations changent.

 

En Côte d’Ivoire l’excision est interdite par une loi promulguée le 23 décembre 1998 qui prévoit une peine de cinq à vingt ans d’emprisonnement en cas de décès de la victime. Cette loi est-elle suffisamment appliquée ?

 

Non pas du tout, mais ça, c’est lié au fait qu’on apprend aux femmes dans nos sociétés africaines à serrer les dents. Une fois dans un groupe de parole une femme me demande “Est-ce que j’ai le droit de refuser de faire l’amour à mon mari ?” Je lui ai dit bien sûr et elle me répond que dans son pays, elle devait dire oui à tout. Vous voyez alors le problème. En Afrique on enseigne aux femmes à dire oui à tout. C’est en cela que le combat pour l’éradication des mutilations génitales n’est pas facile.

 

 

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Aujourd’hui dans certaines régions de Côte d’Ivoire il est encore de tradition d’exciser des jeunes filles, parfois des petites filles. Pourtant, de nombreuses études médicales et associations déconseillent fortement ces pratiques jugées dangereuses. Pour la journée internationale contre les mutilations génitale féminine en Côte d’Ivoire nous nous sommes donc intéressés à une association ivoirienne qui
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